C’est l’itinéraire historique du Salève, itinéraire duquel sont apparus le mot varappe et ses dérivés, dont l’intriguant varappois1. C’est en 1876 que la première descente sera effectuée, et en 1880 que Monnier et De Niederhausen réaliseront sa première ascension2.
C’est à la suite d’une réunion fortuite de membres de la section genevoise du C.A.S à la Ferme de l’Hôpital, en 1875 ou en 1876, que naquit le mot “varappeur”. Il fut donné à quelques jeunes gens qui revenaient d’une exploration dans les gorges du Salève, appelées varappes par les indigènes. On les désigna tout d’abord comme étant des “varappois” mais, pour des raisons euphoniques, on en fit bien vite des “varappeurs”.
Cet itinéraire est l’un des plus techniques du site, l’encordement est recommandé sur trois passages, une corde de 30 m est largement suffisante si vous ne prévoyez de rebrousser chemin après le Petit Mur, dans ce cas 50 m seront nécessaire afin d’effectuer quelques rappels de sécurité. Il faut également partir avec quelques dégaines (6 sont largement suffisantes) et quelques sangles pour relier certains relais.
Le départ du sentier est sur le chemin qui relie le parking du Tennis Club de Collonges-sous-Salève (ou celui de l’aire de loisir du Pérouzet) et le départ de la Grande Gorge. Sur ce joli et large sentier de graviers, une marque sur la bordure des taillis permet de trouver le début de l’itinéraire.
Le chemin forestier est bien visible. Au premier replat, il faudra suivre le sentier de droite qui commence à plat puis monte dans un pierrier jusqu’à une belle paroi rocheuse. Vous pouvez ici partir à main droite vers la grotte des Sablons, ou suivre le sentier en restant sur la gauche.
En longeant la paroi, vous passez devant la grotte de l’Ours, grimpez un petit passage raide, et buttez contre une paroi et un grand marquage Grande Varappe. C’est à cet endroit qu’il faut s’équiper, la corde n’est pas nécessaire tout de suite mais mettre son baudrier et son casque ici n’est pas une bêtise. Le sentier sera dorénavant plus technique, si vous avez rencontré des difficultés avec la première partie, vous pouvez faire demi-tour et aller profiter d’un sentier plus accessible.
Ce premier court pas (II) permet de rejoindre la paroi supérieure et de la longer. Vous passez devant la grotte du Seillon et ses deux entrées. Le sentier longe la paroi rocheuse, faites bien attention à ne pas redescendre et à le suivre jusqu’à une inscription fortement effacée.
Le pas (II) qui suit l’inscription passe sous une plaque commémorative et un spit permet de sécuriser son ascension. Il faut ensuite contourner le petit “bosquet” et continuer la brève ascension verticalement par le rocher.
Le sentier croise ensuite une petite ravine où il faudra descendre et remonter quelques mètres. S’en suit une jolie dalle inclinée. Par temps sec, cette dernière ne devrait pas poser de problèmes, et dans le cas où la confiance vous quitterait, il est possible de s’y assurer avec un spit à son début, une vieille tige au milieu et un relai constitué d’un spit et d’un vieux point à la fin. Profitez ensuite du petit passage sous une jolie voute avant d’arriver à la partie technique de l’ascension.
Enfin, le Petit Mur et son grand frère, le Grand Mur. S’il y a un passage dans lequel s’encorder, c’est bien celui-ci.
Le Petit Mur est un passage de quelque 8 mètres équipé par deux spits et se terminant par un relais de vieilles broches non reliées sur une petite terrasse. Il est sans difficultés particulières. Vient ensuite le Grand Mur, d’une vingtaine de mètres et légèrement plus difficile, mais rien ne dépassant le IV. Ce second passage est équipé avec du matériel d’âge très variable et se termine par un bon relais. Après un bref, mais raide, passage dans la forêt, le sentier rejoint un pierrier et débouche sur une petite crête qui offre un superbe point de vue sur la plaine genevoise.
Il faut ensuite longer à droite pour traverser la ravine et suivre le sentier sur quelques mètres. La première bifurcation à gauche nous intéresse, elle mène à un demi-cercle rocheux. Si vous continuez tout droit vous arriverez à la cheminée du Palavet3, itinéraire réservé aux plus expérimenté·e·s et téméraires.
D’ici, vous avez l’option acrobatique du Pas du Rouleau, 15m de voie dans le cirque rocheux en V+, mais nous recommandons de suivre l’étroite corniche sur la gauche, appelée le Pas de l’Éperon. Il est possible d’assurer la traversée avec deux spits aux pieds. Pour passer l’éperon, un dernier pas relativement à l’aveugle est nécessaire, heureusement plus impressionnant que difficile. Vous tombez ensuite sur relais pas relié. Il ne reste plus qu’à gravir l’éperon (III) et ses deux spits avant d’arriver à un bon relais relié, le même que celui de la sortie du Pas du Rouleau.
Vous voici maintenant sous le Pilier de la Cathédrale, encore quelques mètres de dénivelé à alterner entre les grandes enjambées et les passages herbeux et vous voilà sur la vire du Sarrot – Saut-Gonet. Par temps sec, il est possible de longer le bord de la ravine sur la rive gauche.
D’ici vous pouvez soit:
- suivre la vire du Sarrot sur la gauche pour rejoindre la fin de la Grande Gorge intérieure;
- prendre la vire du Sarrot à droite et rejoindre le Cirque des Étournelles;
- poursuivre dans la Gorge de la Grande Varappe, itinéraire conseillé pour terminer la sortie.
# Gorge de la Grande Varappe4
La partie finale de la Grande Varappe commence au croisement avec la vire du Sarrot, c’est la gorge au pied du Pilier de la Cathédrale.
La première partie n’est pas balisée et ne contient aucune sente, il faut y aller à l’œil et se faire confiance5. Il est possible de monter dans l’herbe, sur la gauche de la gorge6, ou en plein milieu dans les rochers, à adapter selon le niveau d’humidité, et donc d’accroche, du sol.
Après une centaine de mètres de dénivelé, un cirque rocheux sans issue devrait vous empêcher de continuer, bienvenue au Gazomètre7. Une chaine sur le côté gauche vous permettra de vous évader, suivie d’une suite de cordes dans un terrain terreux.
GazomètreNom donné au moment où il fut équipé d’une chaine, en 1969, installation qui facilite la sortie en hiver, quand une couche de glace recouvre la paroi (ce qui n’est pas rare!).
Après avoir gravi une courte mais raide montée terreuse, sur la gauche vous attend une petite arche. Bien que contournable, il est bien plus joli et satisfaisant de la traverser en remontant la cheminée avec un petit pas d’escalade (III).
Les derniers mètres d’ascension dans la forêt permettent d’atteindre l’esplanade de la Cathédrale, de laquelle il est aisé de rejoindre le sommet du Salève.
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Je vous conseille d’aller regarder le reportage de 1966 de la RTS sur la varappe au Salève. ↩︎
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Et la première descente à ski sera réalisée par M. Piola et P. Sprungli en 1979, avec évidemment deux passages en rappel. ↩︎
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Selon Bernard Wietlisbach dans son guide du Salève de 1990, la voie de 50m est abandonnée, de difficulté TD et sur pitons… ↩︎
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Afin d’éviter la partie la plus exposée de ce sentier, il est possible de rejoindre cette dernière partie depuis la vire du Sarrot. Cette alternative a le mérite d’éviter de devoir s’équiper d’une corde et de tout le matériel d’assurage. ↩︎
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En même temps, la gorge n’a qu’une sortie évidente… ↩︎
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Sur la gauche dans le sens de la montée. ↩︎
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En hiver, la petite cascade qui s’y trouve créé un magnifique décor de glace. ↩︎